Annie Gentes
Product owner, Directrice du Transition Design Lab
Une plateforme de vote pour expérimenter le vote quadratique (non binaire), permettant aux participants d'exprimer l'intensité de leur préférence en distribuant leur « crédit de vote » parmi un ensemble de propositions.
La première version (bêta) de la plateforme est désormais en ligne, ce qui vous permet de tester son fonctionnement.
Dans nos démocraties, la recherche du bien commun est au cœur des systèmes de consultation et de vote. Cependant, le vote traditionnel reste binaire, limité à un oui ou un non. Face aux défis mondiaux actuels, il est crucial d'intégrer la diversité des points de vue pour consolider le bien commun. Le défi consiste à agréger les préférences tout en tenant compte de leur intensité. En effet, un vote binaire ne reflète pas l'intensité d'un oui ou d'un non (un oui ferme ou un oui par défaut, par exemple). De plus, les décisions sont prises de manière séquentielle et éliminatoire, ce qui empêche de hiérarchiser les candidats ou les projets afin de prendre en compte, dès le premier tour, les seconds choix de chacun.
Dans le cadre de sa Chaire du Design de la Décision, le Transition Design Lab explore le thème de la prise de décision dans les démarches de conception collaborative et participative des transitions, et a conçu et développé une plateforme numérique pour tester un autre format de vote : le vote quadratique.
Inventée par Glen Weyl[1], économiste à Microsoft Research, la méthode de vote quadratique permet à chacun d'attribuer un poids spécifique à une série de propositions. Outil politique, le vote quadratique peut aussi être bénéfique aux entreprises, en dépassant les clivages entre les unités opérationnelles et financières et en favorisant la coopération, notamment sur les infrastructures transversales.
La particularité du vote quadratique est le coût croissant des votes. Le premier vote pour un candidat coûte un crédit. Mais voter deux fois pour le même candidat coûte quatre crédits (c'est-à-dire deux au carré) ; donner trois voix coûte neuf crédits (trois au carré), et ainsi de suite.
Le vote quadratique repose sur le principe de la rareté : les électeurs sont limités par leurs crédits, ce qui les oblige à faire des compromis entre les propositions[2]. Cette distinction est cruciale car, comme le soulignent Mullainathan et Shafir[3] dans leur ouvrage sur la rareté :
« Lorsque nous faisons l'expérience de la rareté, quelle qu'elle soit, nous sommes absorbés par elle. L'esprit se concentre automatiquement et puissamment sur les besoins non satisfaits... Elle modifie notre façon de penser. Il s'impose à notre esprit. » (p.7)[2]
Avec le vote quadratique, les participants ont des ressources limitées et choisissent en conséquence.
Références
[1]Weyl (2013), [2]Quarfoot et al. (2017), [3]Mullainathan & Shafir (2013)
On the occasion of the 2024 days of the research program "Agroecology and Digital: data, agri-equipment and genetic resources at the service of the agroecological transition and adaptation to climatic hazards", co-piloted by INRAE and Inria, the research team of the LINDDA pilot project - lien externe launched in 2023, Annie Gentes director of CY école de design and Muriel Mambrini-Doudet director of the Learning Planet Institute doctoral school, organized a quadratic voting experiment. The aim was to implement this tool for democratic voting, to guide future choices in support of research projects. This voting experiment focused on research proposals in favor of responsible digital technology for the agro-ecological transition. 50 people present at the event took part in the experiment, dividing their "vote credit" between the 10 proposals submitted to their vote, and 12 people took part in the focus group workshop organized to discuss the uses of quadratic voting and the interface. The results of the experiment are currently being analyzed.
Product owner, Directrice du Transition Design Lab
Designer & Chercheuse post-doctorale en design
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